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Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/184

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LES PARISIENNES

débiter un long sermon sérieux qui la convertira peut-être. Je vous préviens en outre, très charitablement, que tous ces messieurs me font la cour — une cour assidue et scandaleuse — ce qui désespère les pauvres jeunes filles à marier et navre la bonne vieille cousine Eudoxie. Voyons, tout cela vous décidera-t-il à entasser vos papiers au fond d’une malle et à rejoindre madame et bébé ? Lui aussi finira par vous oublier car il a une grande amie qui le gâte et le cajole du matin au soir comme une véritable maman. Elle s’appelle Eva Moïnoff et elle est jolie à miracle comme le sont les Russes quand elles se mêlent de l’être. Nous nous adorons et je ne me montrerai pas trop jalouse si vous l’aimez un tout petit peu. »

Et toute la suite de la lettre n’était que l’écho voilé de ses songeries intimes, de ses résistances, du combat moral qui se livrait en elle, qui l’éloignait d’Eva et la ramenait à la fois sous son autorité, du trouble demeuré dans son cœur depuis l’audacieuse tentative dont elle se sentait encore toute secouée.