Page:Malato - De la Commune à l'anarchie, Tresse et Stock, 1894.djvu/117

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ches, larges et charnues à leur attache au tronc, se continuent en s’amincissant peu à peu en une simple tige d’où pendent de chaque côté des feuilles longues et dures, semblables aux multiples doigts de quelque vert géant.

J’avais justement devant moi la partie forte et arquée d’une de ces branches : je pouvais en m’appuyant des deux mains sur chaque extrémité, m’en servir comme d’un levier à bascule pour me hisser hors de l’abîme bourbeux. Je reconnus alors l’avantage de posséder des bras longs de quatre-vingts centimètres. J’atteignis la branche qui était pour moi celle du salut et grâce à quelques pression sur ce point d’appui, arrivai à me dégager : un moment après, j’étais à genoux sur ce radeau d’écorce, fait pour reposer sans y enfoncer à la surface des marécages, et le maintenant en équilibre.

Une fois sorti de ce mauvais pas, je respirai de bon cœur. Tout n’était pourtant pas fini : quitter mon radeau, c’était retomber au bout de deux pas dans les fondrières. Le mieux n’était-il pas de tâcher de regagner la rivière ?

Quoi qu’il en fût, je tins à honneur de ne pas m’en aller sans avoir repris mes souliers. Ils avaient tout doucement quitté mes pieds ou plutôt mes pieds les avaient quittés dans les efforts faits pour me dégager, et je dus, pour les reconquérir, plonger les bras jusqu’aux aisselles dans la vase.

Un bonheur n’arrive jamais seul : j’avais repris possession de ma chaussure et allais, avec des précautions infinies, me décider à abandonner mon minuscule refuge lorsque j’aperçus, venant à moi, une petite popiné d’une dizaine d’années. Les indigènes néo-calédoniens,