Page:Malato - De la Commune à l'anarchie, Tresse et Stock, 1894.djvu/121

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res de sagaïes ou de pierres de fronde, les flammes avaient dévoré une demi-douzaine de cases, et le grand chef, traqué, reculait toujours vers les gorges étroites de la Ti-Pindjié. Sa capture ou sa soumission n’était plus qu’une question de jours. Quelle différence avec la grande révolte de 1878, qui dura dix mois, couchant dans la tombe trois cents colons et deux mille Canaques !

Néanmoins, ce petit mouvement avait éveillé l’attention des administrateurs coloniaux qui, mus par l’intention d’éviter des conflits, ou par celle de déposséder davantage les tribus, nommèrent à ce moment une commission de délimitation. En faisaient partie : mon chef de service, celui du domaine, un géomètre, un riche colon négrophobe mais républicain, ce qui le faisait tenir un peu à l’écart, et un révérend mariste, le père Vigouroux, qui avait la réputation de ne pas bouder les popinés. Ce quintumvirat, arrivé à Houaïlou sans tambour ni trompettes, descendit chez Girard qui, du coup, mit ses petits plats dans les grands, et il commença, sans plus tarder, à délimiter à outrance.

L’indigène océanien n’entend rien à la culture intensive : muni des instruments les plus primitifs, il lui faut une surface considérable pour obtenir la même récolte qu’un Européen sur un terrain beaucoup plus restreint. Une fois le sol fatigué sur ce point, il se porte vers un espace voisin et, pour mieux le défricher, commence par mettre le feu aux herbes sauvages qui y ont poussé. Ces incendies couvrent souvent de très grandes étendues et présentent un beau spectacle. Armé de quelques branches en guise de balai, le Canaque s’entend d’ailleurs admirablement à diriger la flamme, à la circonscrire ou à l’étouffer. Menace-t-elle par trop un lieu habité ? vite