Page:Malato - De la Commune à l'anarchie, Tresse et Stock, 1894.djvu/137

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s’il est toujours de ce monde, ce dont je doute : Malakiné était noir, nous étions blancs ; cette différence de couleur justifie bien des choses.

Cet auguste voisin possédait une progéniture : Alozio, beau garçon qui paraissait treize à quatorze ans, et dont le regard de gazelle, l’épiderme délicat eussent fait honneur à la plus séduisante popiné. Oignô, (ne pas lire oignon), qui comptait peut-être une « igname » ou deux (vulgo : une année ou deux) de moins, et que son père tenait fort à m’octroyer, — oui, j’eusse pu devenir gendre de roi ! Mes résistances sur ce point n’auraient, sans doute, pas été inébranlables, si je ne m’étais aperçu que cette jeune fille, douée comme son frère d’une jolie figure, n’était pas exempte du tonga, lèpre que les indigènes du sud appellent bié et qui cesse par époques d’être apparente mais ne disparaît jamais entièrement. L’habitude invétérée de ne pas se laver, celle d’aller tout nu, exposé au soleil et aux mouches, enveniment bientôt les plaies, les rendent épouvantables, impossibles à guérir. À certains moments, le flanc de la pauvre Oignô n’était qu’un ulcère à vif. Je déclinai poliment, si flatteuse fût-elle pour moi, toute alliance avec cette princesse du sang.

Le nord de la Nouvelle-Calédonie semble la terre de prédilection des maladies étranges : les éléphantiasis, les hydrocèles énormes, les taches syphilitiques s’y donnent rendez-vous. Le père du pattu Mouaou semblait porter une citrouille devant son ventre ; je n’ai jamais pu comprendre comment, avec une infirmité pareille, cet homme pouvait non seulement vivre mais se promener comme si rien d’anormal ne gênait sa marche. Dioman, frère du grand chef des Oébias avait sa peau