Page:Malato - De la Commune à l'anarchie, Tresse et Stock, 1894.djvu/169

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1879. Le premier fut tué, le second fait prisonnier et exilé à l’île des Pins : la période de grande répression était passée.

Ces trois hommes avaient peut-être l’étoffe de Toussaint-Louverture : il n’y a pas eu, parmi les Canaques, de Toussaint-Lavenette.

Une autre cause de l’insurrection fut le vagabondage du bétail, laissé libre dans la brousse et dont les déprédations étaient une ruine pour les indigènes. De temps en temps seulement, pour le recensement, le marquage ou la castration, les troupeaux étaient rabattus dans des enclos par des cavaliers armés d’un long fouet.

Quelques mois avant l’insurrection indigène, j’avais fait la connaissance d’un de ces stockmen, précédemment mineur, et même fort connu dans la région comme un des premiers découvreurs de filons aurifères. Victor Hook, robuste et avenant gaillard d’à peu près trente ans, avait noblement bu et mangé la somme rondelette de cent mille francs, prix de ses fructueuses explorations ; après quoi, il s’était remis au travail, ne conservant de sa splendeur passée qu’un petit singe acheté à un navire brésilien. Cet animal, — le singe, — stupéfiait les Canaques, qui semblaient reconnaître en lui tout au moins un cousin germain. Il avait contracté une manie bizarre : à force de voir les indigènes s’épouiller mutuellement la tête et dévorer avec un sourire béat le gibier capturé, il en était arrivé à pratiquer sur le premier venu cette chasse aussi nourrissante qu’hygiénique. Je le vois encore, sautant sur moi, retroussant insolemment manches et pantalons, cherchant et feignant de se délecter : que n’étais-je saint Labre !

Hook, fils de l’Helvétie, buvait beaucoup mais non en