Page:Malato - De la Commune à l'anarchie, Tresse et Stock, 1894.djvu/294

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Parler de voleurs et d’assassins, quand on a dans son clan, prêt à les saluer bien bas, et à s’honorer de leur fréquentation, des banquiers, des ministres et des généraux ! Quel aplomb bourgeois !

Et pourtant, M. Huret n’est pas sans valeur ; ses campagnes décèlent de l’initiative et de la volonté ; son tort est de s’être trop vite grisé de ses succès d’interviews. Le jour où, comme les vrais hommes d’étoffe, il sera devenu modeste et ne jugera plus les personnes et les choses qu’il ne connaît point sur une quinzaine de pages lues en wagon, même ses contradicteurs véhéments l’apprécieront.

Peut-être, après notre rencontre, a-t-il réfléchi sur les inconvénients de trop de morgue, car l’interview de Malatesta, qu’il a, peu après, fait paraître dans le Figaro, est non seulement très sincère, mais conçue sans acrimonie.

C’est dans le quartier plébéien d’Islington, chez Defendi, ancien combattant de la Commune qui cumule aujourd’hui l’anarchisme et l’épicerie, que Malatesta trame de noirs complots contre la bourgeoisie. Tout le contraire des théoriciens de la Révolte, il se préoccupe beaucoup moins des progrès de l’idée pure que des faits et, par faits, il ne se contente pas d’entendre, comme quelques-uns, les déménagements à la cloche de bois. S’il n’avait à son actif le coup de main de Bénévent, exécuté en 1877, avec Cafiero, Ceccarelli et quelques autres camarades, — une trentaine au plus, — et diverses condamnations un peu partout, motivées par des faits révolutionnaires, ses contradicteurs le traiteraient d’opportuniste. Son tempérament n’étant pas en cause, ils se contentent de le traiter d’autoritaire, ce qui ne les