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Page:Malato - La Grande Grève.djvu/154

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Machinalement, elle cueillit quelques baies et, se penchant au bord d’un ruisselet, but dans le creux de sa main. Ainsi elle apaisa momentanément sa faim et sa soif, mais ce repas d’anachorète n’était pas une solution pour l’avenir.

Céleste se disait que, quoi qu’il advînt, elle ne serait jamais qu’à Galfe, l’homme auquel de tout son être elle s’était donnée. Dût-elle mourir de misère, jamais elle ne connaîtrait de mari ou d’amant, jamais elle n’aimerait que le forçat condamné au bagne à perpétuité.

Rien ne ferait fléchir cette renonciation dictée par le cœur.

Mais, par moments, il lui semblait impossible que Galfe demeurât au bagne. Comment pourrait-on laisser sous le nom de justice semblable crime s’accomplir : la torture sans autre fin que la mort de cet être jeune et bon qui n’avait tué personne ? L’attentat pour lequel on l’avait condamné était indéniablement d’ordre révolutionnaire et non de droit commun ; se pouvait-il qu’il ne dût jamais y avoir d’amnistie ?

Sans doute l’épreuve serait longue. Eh bien, Céleste l’attendrait : elle était bien sûre que Galfe ne l’oublierait pas ; elle, de son côté, vivrait pour le revoir un jour.

Vivre !

C’était le grand problème. Comment le résoudre ?

Céleste était seule, sans un sou dans sa poche, ne possédant que les pauvres vêtements qu’elle portait sur elle. Après quelques mois de repos et de bonheur passés dans l’habitation de son sauveur, elle se retrouvait dans la situation désespérée qui l’avait amenée à se jeter dans le Moulince.

Mais cette fois, nous l’avons dit, elle voulait vivre pour revoir Galfe. Elle se reprenait de plus en plus à l’existence. Seule la mort de celui qu’elle aimait