Page:Malato - La Grande Grève.djvu/265

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nait pas plus de gants avec son personnel spécial qu’avec les autres mineurs.

— Pourtant…

— Il n’y a pas de pourtant. Une réunion a eu lieu aujourd’hui au Fier Lapin : m’en avez-vous averti ?

— Je ne savais pas.

— Il fallait savoir.

— Mais, monsieur Moschin, s’écria Canul d’un ton désespéré, je ne suis pas chargé de surveiller à moi seul tous les mineurs de Mersey. La chose ne serait pas possible.

Moschin haussa les épaules.

— Ne dites donc pas de bêtises, fit-il. Êtes-vous oui ou non entré au syndicat pour en surveiller les meneurs ?

— Oui, certes, je vous ai adressé des rapports.

— Jolis rapports ! Il n’y était question que de discussions oiseuses sur des requêtes à adresser à la Compagnie pour l’aérage des puits et autres balivernes.

— Mais, pourtant, monsieur Moschin, s’il n’y avait rien de plus, je ne pouvais pourtant pas vous dire ce qui n’était pas. Je suis honnête, moi, je fais consciencieusement mon service.

— C’est-à-dire que vous volez l’argent qu’on vous donne.

— Chef !

— Parfaitement, vous ne m’avez pas signalé Bernard comme un homme dangereux.

— Bernard du puits Saint-Pierre ?

— Oui, Bernard du puits Saint-Pierre.

— Mais, il ne dit et ne fait rien de plus que les autres. J’ai assisté à toutes les assemblées syndicales (il mentait comme nous l’avons vu). C’est un zéro.

Canul était-il bien sûr de ce qu’il avançait ? Certes non, mais son désir de prouver au redoutable Mos-