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Page:Malato - La Grande Grève.djvu/398

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ment les travailleurs étaient-ils prêts à livrer cette grande bataille ? Ne serait-ce pas un nouvel écrasement venant s’ajouter à tant d’autres ?

Détras, après avoir saisi Michet, s’était frayé un passage dans la première salle, avant que le cercle eût pu se refermer derrière lui. D’un bond, il s’était précipité dans l’escalier et là, inexpugnable, dominant les mouchards et tenant toujours son prisonnier, à la fois un otage et une arme, il avait tonné :

— Canailles ! si vous vous approchez j’étrangle ce bandit.

Michet, à demi étouffé par la poigne de fer qui le serrait à la gorge, n’avait pu opposer de la résistance. Un de ses hommes, cependant, ne tenant pas compte de l’avertissement de Détras, s’était approché, le gourdin levé. Détras para le coup en présentant au bâton qui s’abattait, la tête du mouchard. Michet, frappé à la tempe par celui qui voulait le délivrer, s’évanouit avec un faible gémissement.

L’instant d’après, le flot des syndiqués balayait définitivement la bande policière, la rejetant en dehors de l’établissement. Alors, la défaite se changea bien vite en déroute. En terrain ouvert, la supériorité numérique reprenait ses avantages : entourés, séparés les uns des autres, la retraite coupée, il ne restait plus aux mouchards qui n’avaient pu s’enfuir qu’à demander grâce.

C’est ce que firent la plupart d’entre eux, tandis que quelques-uns, avec une bravoure digne d’une meilleure cause, continuaient une lutte désespérée. Ils ne purent, toutefois, la continuer longtemps : ils succombèrent à la fin, assommés ou prisonniers.

C’était la revanche de la sanglante bataille, livrée deux années auparavant sur la route des Mésanges au Fier Lapin et gagnée par les policiers de la Compagnie.

Dix-huit mouchards gisaient inanimés, une vingtaine avaient pu s’enfuir ; tous les autres étaient