Page:Malato - La Grande Grève.djvu/410

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chaises et d’une petite table, bureau où, toute la journée, écrivait Ouvard, c’était un murmure menaçant, mêlé d’imprécations contre les faux frères.

Le secrétaire du syndicat laissait pendant quelques minutes gronder cet orage afin de faire bien sentir aux pénitents la colère et l’indignation qu’excitait leur conduite passée. Il eût été maladroit d’accorder trop vite le pardon à ces natures grossières, accessibles seulement aux impressions fortes. Puis, lorsqu’il voyait l’individu fléchissant sous le poids de la réprobation, Ouvard imposait silence à ses camarades.

— Allons ! assez, les amis ! criait-il. Montrons que nous sommes plus généreux que nos ennemis, et que nous nous défendons et ne nous vengeons pas.

Cependant, une épreuve attendait ces hommes avant l’amnistie finale. On leur collait au dos une pancarte portant cette inscription : « A été mouchard et en demande pardon à tous. » Ainsi, ils défilaient devant tous les mineurs rassemblés dans la salle et dans la cour, au milieu d’un silence solennel, un silence peut-être plus oppressant pour eux que les malédictions bruyantes d’auparavant. Puis ils revenaient devant le bureau du secrétaire.

— Jurez-vous, leur demandait Ouvard, d’être désormais honnêtes, c’est-à-dire loyaux et, solidaires, d’aimer et soutenir les camarades ?

— Oui, répondaient-ils.

Et, l’un après l’autre, ils répétaient la formule du serment : « Je jure d’être désormais honnête, d’aimer et soutenir les camarades. »

— C’est bien, vous êtes maintenant des nôtres, disait Ouvard.

Et l’infâme pancarte était enlevée ; les mains se tendaient vers ces réhabilités.

D’autres mouchards avaient disparu, le bruit courait qu’ils avaient quitté le pays.

Parmi eux se trouvait Michet. Ainsi qu’il le pres-