Aller au contenu

Page:Malato - La Grande Grève.djvu/415

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

il eût préféré des transactions : la participation des travailleurs aux bénéfices, puis le rachat par l’État et l’organisation de l’exploitation minière en un service public. Mais il admettait parfaitement que les mineurs, souffrant individuellement dans leur chair, ne pouvaient se bercer et tromper leur misère avec ces spéculations d’économie politique. Et maintenant que la lutte était déclarée entre la compagnie et ses serfs, il n’hésiterait pas : il soutiendrait la cause de ces derniers.

D’ailleurs, s’il n’était point partisan d’une révolution sanglante, il se rendait compte qu’une forte pression populaire est généralement indispensable pour arracher de temps à autre quelques concessions aux privilégiés ou à l’État.


IX

TRAVAIL CONTRE CAPITAL


Galfe n’avait pas pris part, comme Détras et Bernard, aux événements de la grève. Non qu’il fût devenu pusillanime ou plus respectueux des exploiteurs. Mais il se sentait, bien plus que Bernard et même que Détras, tout à fait en dehors des mineurs, en dehors de ce monde ouvrier pour l’émancipation duquel il avait combattu certes, mais en indépendant, en isolé.

C’est là ce qui arrive souvent aux impatients, à ceux qui, las d’attendre les retardataires, partent en guerre tout seuls. Ils finissent par perdre tout contact avec les autres et quand ceux-ci, à leur tour, s’ébranlent, eux, fatigués, s’arrêtent.

Pour Galfe, la perte du contact était doublement inévitable, puisque le bagne l’avait pris et gardé dix ans.

Mais tandis que Détras, d’un tempérament différent, d’une nervosité moindre, se sentait ressaisi par