Page:Malato - La Grande Grève.djvu/90

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vaguement sympathique à ces mineurs malgré leur crime de s’être attaqués aux choses saintes.

La famille Chamot campant à Chôlon, le baron des Gourdes, naturellement, y campait aussi. On commençait à parler de son prochain mariage avec Julia et cette union à vie d’un titre et d’un coffre-fort paraissait aux gens bien pensants la chose la plus normale et la plus morale. Tout au plus y avait-il quelques jaloux.

De Mirlont, le notaire Durivaux, le commandant Estelin complétaient la cour volante de Chamot et se serraient héroïquement autour de lui comme pour empêcher la révolution sociale de l’atteindre.

Du reste, les plus grandes précautions étaient prises par les autorités pour réprimer avec une énergie sauvage toute tentative, toute agitation. La région fourmillait de troupes : lignards, chasseurs, dragons, campaient à Mersey, à Pranzy et dans les communes voisines comme en pays conquis. Le général Chouban avait tenu à bien faire les choses.

Trop bien même au point de vue de Drieux qui, partisan ardent d’un contact entre soldats et travailleurs, contact capable de produire un conflit, eût désiré un moindre déploiement de forces, de façon à encourager les révolutionnaires pour mieux les écraser ensuite.

Mais dans les organisations même hiérarchiques dont les rouages sont par trop complexes, il n’est pas toujours facile d’arriver à la précision des détails qu’on se proposait. Le commandant du 8e corps était, comme tout officier supérieur, un parfait réactionnaire, mais il n’était pas affilié aux jésuites ; il ignorait leurs plans secrets et sa stratégie de vieux soudard simpliste venait en l’occurrence contrecarrer quelque peu la leur.

Depuis trois jours, le procès des mineurs était commencé. L’acte d’accusation, chef-d’œuvre du procureur général Faychiar, établissait avec une extraordi-