Page:Malato - La Grande Grève.djvu/91

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naire précision de détails, l’horrible complot fomenté pour livrer Mersey aux horreurs sanglantes de l’anarchie. C’était très beau : toutes les dames, terrifiées et ravies, éprouvaient le frisson.

La saisie chez Ronnot de listes secrètes des adhérents à la mutuelle que leur situation empêchait de se proclamer tels ouvertement, avait permis de montrer « le travail d’embrigadement pour la révolte, tenté hypocritement au nom de la solidarité ». Ainsi s’exprimait, indigné, le magistrat, organe de la vindicte sociale.

Une perquisition chez Vilaud y avait fait découvrir des insignes révolutionnaires destinés, disait l’acte d’accusation, à permettre aux conjurés de se reconnaître. Ces insignes révolutionnaires étaient tout simplement des rubans rouges et un drapeau tricolore cravaté d’un nœud écarlate, qui avaient servi à la dernière fête du 14 juillet.

Les revolvers, cartouches et imprimés, remis par Baladier lui-même à Michet qui les avait clandestinement déposés chez une demi-douzaine de mineurs, ceux que l’on voulait frapper, faisaient merveille dans cette mise en scène. Comment prétendre qu’il s’agissait d’une pacifique société de secours mutuels lorsque les principaux adhérents se réunissaient en armes, la nuit, dans les bois ?

Et la destruction des croix dans le bois de Varne, celle de la chapelle assaillie, forcée et dynamitée, l’arrestation de l’abbé Firot, insulté, brutalisé et n’échappant à la mort que par miracle, la fusée mystérieuse qui avait donné au milieu de la nuit le signal de toutes ces horreurs, était-ce de la philanthropie mutualiste ?

L’arrestation de l’abbé Firot surtout, émouvait. Pendant une demi-heure, trois quarts d’heure peut-être, ce digne prêtre, tout charité et amour, avait subi les outrages de forcenés, hurlant à ses pieuses oreilles : « La Vierge à la voirie ! » On l’avait battu,