Page:Malato - Les classes sociales au point de vue de l’évolution zoologique.djvu/139

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droit une base réelle par la transformation du régime économique, la plupart des féministes ignorent ou méconnaissent le problème social. Ils ne savent rien ou presque rien de cette évolution qui, depuis un peu plus d’un siècle, a remué les masses profondes et prépare l’avènement d’un nouvel ordre de choses. Babeuf, Fourier, Proud’hon, Blanqui, Marx, Bakounine, l’Internationale des Travailleurs, les formidables luttes prolétariennes de novembre 1831, juin 48 et mai 71, sont pour eux des noms et des choses beaucoup moins connus que le projet de loi élaboré par tel avocat ou que la biographie d’une dame qui a fait quelques conférences.

Le mouvement féministe n’a, somme toute, apporté aucun contingent d’idées philosophiques ou sociales : il chicane le Code, voilà tout. Suivi principalement par ceux et celles qui n’osaient pas aller jusqu’au socialisme pur et simple, il a pu amuser le tapis et occuper, pendant les quelques années qui ont suivi en France la crise de l’affaire Dreyfus, une partie de la bourgeoisie libérale. C’est tout : il sera emporté comme un mince ruisselet dans le prochain débordement du torrent social et s’y noiera. Les féministes avancés iront jusqu’au socialisme ou à l’anarchie ; les autres se replieront sur la bourgeoisie, devenue à ce moment uniformément conservatrice pour défendre ses intérêts de classe.

Est-ce à dire par cette comparaison de la moralité bourgeoise avec la moralité prolétarienne, que tous les prolétaires soient des anges et que les bourgeois même