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du crâne se développant peu à peu aux dépens de la partie maxillaire.

Le cerveau du prolétaire voué depuis de longues générations à la misère et au servage, est-il, d’une façon générale, aussi développé que celui du fils et petit-fils de privilégié, affiné par une longue sélection ? Il serait téméraire de répondre par l’affirmative, ce qui ne préjuge pas en rien du droit et de la possibilité du prolétaire à évoluer. Il n’est que trop facile de concevoir que chez celui-ci la monotonie de la tâche et la lutte constante contre la misère ont paralysé le développement de certaines facultés, celles de la causalité, de la généralisation, du calcul, en un mot tout ce qui est d’ordre abstrait. Le peuple est bien plus accessible aux choses concrètes, aux impressions fortes, aux images qu’aux raisonnements compliqués. Chez les descendants de privilégiés — non chez les parvenus — ces facultés, au contraire, ont été entretenues et perfectionnées par l’usage.

Cela suffit-il pour constituer un abîme infranchissable entre le cerveau du bourgeois et celui du prolétaire ? Certes non. Qui donc n’a pas eu l’occasion de constater combien de fois des hommes pourvus de toutes sortes de diplômes étaient inférieurs en bon sens à des illettrés ? Combien de fois des fils de privilégiés, résultats d’une longue sélection qui ne s’est jamais fortifiée par des croisements opportuns, n’apportent en naissant qu’un cerveau fatigué avant d’avoir fonctionné, tandis que celui de l’ignorant sainement constitué est souvent comparable à une page blanche sur laquelle on peut