Page:Malato - Philosophie de l'Anarchie, Stock, 1897.djvu/143

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le peuple. Excellente pour fusiller les grévistes et mettre à l’ordre les ouvriers mécontents, elle ne peut guère défendre le sol, — l’histoire le démontre — sans la coopération de ce même peuple.

En effet, l’esprit de l’armée, sa fonction, sa raison d’être en temps de guerre, c’est la marche en avant, l’invasion du territoire ennemi, la terreur imposée à grands renforts de réquisitions, d’exécutions sommaires, d’états de siège, de contributions. Réduite à la défensive par une série d’échecs au début d’une campagne, elle est atteinte profondément dans son moral, son organisation s’en ressent non moins que des coups de l’ennemi ; la discipline disparaît avec la confiance dans les chefs et c’est la défaite irrémédiable, à moins que le peuple ne soit prêt à se soulever contre les envahisseurs, contrariant leurs mouvements, déroutant leurs plans, coupant leurs communications, permettant, en un mot, aux armées vaincues de reprendre haleine et de se réorganiser pour l’offensive.