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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/116

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vernants et des capitalistes qui, seuls, lui permettent de vivre parce qu’ils en ont besoin, elle n’a pas la liberté de ses mouvements.

Et, cependant, le spiritualisme n’est pas mort : beaucoup s’en faut. Ce n’est pas en quelques années que des foules ignorantes peuvent secouer le joug de l’atavisme. Chez les plus avancés des révolutionnaires modernes, les anarchistes, on rencontre parfois des tendances idéalistes excessives qui sont d’un augure redoutable pour l’avenir. L’amour du merveilleux, la crédulité, l’espérance, exploités par de dangereux charlatans peuvent nous réserver bien des surprises. Qui sait si le christianisme, une fois la papauté à terre, ne cherchera pas son salut dans quelque incarnation ? Qui sait si des systèmes analogues à la théophilanthropie du siècle passé ne s’efforceront pas de prendre racine ?

Alors que tout lien social semble brisé, des groupes se forment spontanément où les molécules humaines désagrégées se rassemblent selon leurs affinités ; un immense travail s’élabore, travail latent et opiniâtre, analogue à celui des polypiers qui, dans les mers du sud, édifient des îles de corail. De ce travail sortira un organisme nouveau.

Au milieu de la grande désolation des barbares portant le fer et la flamme dans la vieille Europe, des monastères, des couvents surgissent de toutes

    montagnes ; il peut tout détruire sur son passage, semer la ruine dans nos vallées mais ce doit être l’honneur de la sainte Église catholique d’aller à ces forces, de leur créer des digues, de canaliser ses flots impétueux et d’en faire au vingtième siècle un fleuve puissant et fécond »… Autrement dit, faire avorter la révolution sociale.