famines, épidémies engendrent des générations maladives portées à toutes les surexcitations de la névrose : miracles et sorciers vont se multiplier.
Seule restée puissante, parce qu’elle est l’unité morale, l’Église catholique étend son règne et, comme tous les parvenus, aussi âpres à la curée qu’ils étaient humbles au début, la papauté n’entend pas de partage.
Les deux métropoles du monde, Rome et Constantinople se déclarent une guerre morale pire qu’une guerre armée : bien entendu, la religion en est le prétexte. De part et d’autre, les chefs des deux Églises se jalousaient trop mortellement pour se concéder la suprématie. Les populations prenaient part à ces querelles : les descendants dégénérés de Romulus, bâtardés de Goths, voyaient logiquement dans leur pontife le successeur des souverains du monde ; les Grecs, au contraire, jadis assujettis, maintenant constitués en grand empire, considéraient le pouvoir spirituel comme intimement lié à celui de leurs souverains : l’intervention décisive de ceux-ci dans toutes les controverses théologiques prouve qu’en effet, l’empereur se considérait comme le chef unique et immédiat du patriarche, rôle qu’exerce aujourd’hui le tzar ou césar russe.
L’hostilité grandit de jour en jour. À Constantinople, on brise les saintes images, réminiscences d’idolâtrie, puis, reprenant, sous une autre forme, la vieille querelle d’Arius touchant la Trinité, les patriarches grecs accusent les Occidentaux d’avoir blessé la foi en ajoutant au symbole apostolique que le Saint-Esprit procède du fils : abomination de la