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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/125

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désolation ! Les anathèmes se croisent et, finalement la chrétienté se trouve scindée en deux tronçons. Mais, tout à coup une rumeur se répand : le monde va finir, la millième année de l’ère chrétienne verra le Dieu tout-puissant trônant au milieu des éclairs, juger les pâles humains.

Effarement des heureux, muette résignation des masses, joie profonde des mystiques ainsi que des damnés de cette vie qui espèrent un paradis pour récompense des maux qu’ils ont soufferts.

Et nul ne s’avise de mettre en doute la nouvelle, car elle vient de la plus sûre des sources, de la plus infaillible des autorités : l’Église qui, pendant qu’elle annonce la fin du monde par des milliers et des milliers de prédicateurs, fait main basse sur trésors, terres et châteaux qu’elle acquiert en échange d’indulgences octroyées.

Magnifique opération commerciale qui n’a rien à envier aux modernes coups de bourse des Juifs, ces concurrents subtils que l’Église catholique, accapareuse de millions, a toujours, à travers les siècles, poursuivis de sa haine !

La vente des indulgences fut, au moyen âge, la grande ressource pécuniaire de la papauté. Le purgatoire n’existait pas primitivement ; la doctrine intransigeante du jugement dernier n’admettait que deux aboutissants : un lieu de punition pour les méchants, un lieu de délices pour les bons. Afin de ménager les susceptibilités et de se donner plus de latitude, les docteurs chrétiens créèrent peu à peu, comme terme moyen entre le Paradis et l’Enfer, un séjour où les âmes impures expieraient leurs péchés