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Pour entretenir la gloire de Rome, quatre-vingts millions d’êtres humains travaillaient, souffraient et mouraient. Vainement, la masse misérable avait-elle tenté de la révolte. Guerres sociales, soulèvements d’esclaves, conspirations avaient été successivement écrasés, non sans laisser subsister des ferments de révolution. Le monde, courbé sous une verge de fer, attendait sa délivrance.

Ceci non au figuré, dans un sens mystique, mais au réel. La conquête romaine, en centralisant le pouvoir, en unifiant les peuples par la langue et les mœurs, n’avait fait que frayer le chemin à une révolution. Règle générale, c’est à ce résultat qu’aboutit l’absorption des oligarchies par un pouvoir unique, bien fort en apparence puisqu’il domine tout, mais bien vulnérable puisqu’il est isolé et en butte à toutes les attaques. La monarchie française, victorieuse de la féodalité, nationalise la France, puis, restée seule en face de la nation, croule faute de soutiens puissants, et, aujourd’hui, la concentration des capitaux mène droit à la révolution sociale.

Félix Pyat, qui faisait de la démocratie à coups de déclamations romantiques, écrivit, un jour une vérité : la Gaule, asservie successivement par les Romains et les Francs, a éliminé par la révolution de 1789 l’élément germain ; par la révolution sociale, elle éliminera l’élément latin.

Il eût mieux fait encore de dire l’esprit germain, l’esprit latin car, pour ce qui est de leurs éléments ethniques, ces races se sont pénétrées ; une fusion s’est faite comme dans un creuset et c’est ainsi que la France est devenue une nation si bien douée, si