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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/15

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merveilleusement plastique. Mais l’esprit germain belliqueux et autoritaire[1], vivait dans cette féodalité séculaire au-dessus de laquelle s’élevait le roi, et l’esprit latin se manifeste dans cette bourgeoisie avocassière et rapace, dissimulant son despotisme sous des institutions démocratiques.

La grande masse de la nation française est toujours profondément celtique ; en dépit des institutions latines ou germaines léguées par les conquérante et plus ou moins respectées par les générations suivantes, l’esprit gaulois a survécu. Dans ces révoltes de Bagaudes, de Pastoureaux, de Jacques, de socialistes, il y a autre chose qu’une lutte de castes. De véritables lois chimiques régissent ces molécules humaines qui, poussées par leurs affinités naturelles, se heurtent, se composent et se décomposent en formes nouvelles.

Un formidable réveil de l’esprit celtique se prépare à notre fin de dix-neuvième siècle, et qui sait jusqu’où cela ira, combien d’épaves pourries la vague populaire emportera avec elle ? Qui sait aussi, si les défenseurs d’une religion aux abois, ou d’orgueilleux créateurs d’une foi nouvelle ne s’efforceront pas de leurrer une fois de plus une masse inflammable, fanatique dans ses explosions de colère, sentimentale plus que logique et portée, tant par son ignorance que sa soif de morale, vers les religions idéalistes ? Cette commotion se répercutera au--

  1. Tous les historiens ont représenté les anciens Germains comme foncièrement démocratiques ; mais dès qu’ils se furent frottés aux Romains, ils prirent leurs défauts et les outrepassèrent.