Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/172

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l’épaule du pauvre noble auquel il s’égale en lui prêtant son argent.

Bientôt, malgré les tenants attardés de l’ancien régime, fantômes égarés dans le xixe siècle, il n’y aura plus ni aristocratie ni roture, il n’y aura plus que des riches (classe dirigeante) et des pauvres (classe dirigée). À l’exemple du duc de Rochechouart, qui a épousé les millions de mademoiselle Ouvrard, les gentilshommes appauvris recherchent la mésalliance qui leur permettra de redorer leur blason. Et ceux qui voudraient ramener l’humanité à cent ans en arrière, comprenant que la finance est devenue l’âme du monde, se mettent à spéculer fiévreusement. Tandis que, derrière Laffitte, derrière Mallet, derrière Greffulhe, pointent des royautés nouvelles, — celles de Baring à Londres, Sina à Vienne, Stieglitz à Saint-Pétersbourg, Hope à Amsterdam, Rothschild partout, — la société de Jésus, rentrée mystérieusement en France et dissimulée sous des noms d’emprunt : Paccanaristes, Ligoristes, Pères de la Foi, reprend son rêve d’omnipotence universelle et, pour le réaliser, trafique, agiote, fait bâtir, accapare les héritages, entasse silencieusement des millions dans ses coffres ; la vénalité gagne tout ce qui s’élève au-dessus de la masse : le noble désœuvré vend au cultivateur enrichi sa terre dont il ne sait tirer parti, et trop inintelligent pour tâter de l’industrie, va jouer à la Bourse où il se fait dépouiller par le Juif madré.

Aussi que viennent faire les vieilles traditions dans un pareil monde. Dans les salons mêmes du noble faubourg, on ricane discrètement en se mon-