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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/173

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trant le vieil émigré, ruiné et blanchi au feu des bivouacs vendéens pendant que Monsieur digérait à Vérone. Talleyrand et Fouché ont fait école : le ci-devant, transformé en jacobin sous la Terreur, tourné au bonapartiste sous l’Empire, continue la série de ses avatars : royaliste modéré avec Decazes, ultra avec Villèle, libéral lorsque la bourgeoisie exploitant le mécontentement populaire, consacre son triomphe sur la noblesse au 29 juillet 1830.

Au peuple retombé, après les lumineuses espérances de 92 dans la plus noire réalité, il ne reste que les yeux pour pleurer. Partout misère et ignorance. Les associations ouvrières sont mortes et, seul, n’ayant pour arme que ses bras devant ce colosse, le capital, le travailleur quête un maître auquel il pourra se vendre. Oh ! la vapeur, la machine, la science, comme il maudit tout cela, ce simple, au cerveau inculte, mais qui entrevoit dans son bon sens, en dépit des phraseurs officiels, que cette machine qui se dresse devant lui avec des sifflements de menace et crachant la fumée, c’est l’implacable ennemie qui, ne demandant qu’un peu d’eau et de charbon pour s’alimenter, le chassera de l’atelier et l’enverra mendier dans la rue !

Avec la France et l’Angleterre, l’industrialisme envahit le monde. Une activité inconnue jusqu’alors se manifeste de toutes parts. Pendant que des peuples esclaves de l’étranger ou du roi absolu : Espagne, Italie, Grèce, Belgique s’éveillent aux idées que la Révolution a semées dans l’air, que le continent américain achève de se dégager des derniers langes féodaux, que le clergé, un moment