Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/174

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abattu, se réorganise pour enrayer le mouvement démocratique, les grands financiers, rois du jour, fidèles au vieil axiome « diviser pour régner », exploitent sans scrupules la situation. Le despotisme et la révolution passent alternativement à leur caisse et deviennent leurs tributaires. Réactionnaires en France, en Angleterre, en Allemagne, ils se font libéraux en Espagne, en Italie, en Grèce, pays neufs où l’absolutisme paralyse tout essor industriel et où la bourgeoisie, une fois au pouvoir, leur donnera toute licence d’exploiter les masses au nom du peuple lui-même.

Car, à l’exception de quelques disciples survivants de Babeuf, l’élément le plus avancé de la démocratie prêche le respect au capital savamment employé. C’est l’époque Saint-Simon surgit en prophète et glorifie les capacités. Dans son système, malheur aux infirmes, aux inintelligents ! « la société, proclame-t-il, doit être organisée pour l’avantage du plus grand nombre »… du plus grand nombre, pas de tous. Les banques seront hiérarchisées, centralisées, la finance deviendra l’âme du monde ; enrégimentés sous le sceptre d’un pape industriel, les travailleurs lutteront entre eux, — eh ! les guerres économiques ne sont-elles pas les plus impitoyables de toutes ? — pour obtenir la meilleure rétribution de leurs efforts : gloire et opulence pour les vainqueurs, honte et misère pour les vaincus.

Ces théories, audacieuses pour l’époque, mais si différentes des conceptions à la fois plus exactes et plus généreuses du socialisme actuel, ont eu leur part de réalisation ; la royauté industrielle a tout