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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/177

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enthousiastes, prophètes orgueilleux, chercheurs sincères fouillent les profondeurs du passé, interrogent leur époque et, quelle que soit leur doctrine personnelle, proclament que ce qui a été, ce qui est encore, ne doit plus être ; tous arrivent à cette conclusion que formulera plus tard Pierre Leroux, le philosophe humanitaire : « Nous sommes aujourd’hui entre deux mondes : un monde d’inégalité et d’esclavage qui finit, et un monde d’égalité qui commence. »

Époque bizarre ! Cette génération de 1830, enfantée pendant les guerres colossales du premier empire, alors que, d’un bout à l’autre de l’Europe, le bruit du canon faisait frissonner les mères, puis jetée tout d’un coup en pleine restauration, apporta dans une période d’évolution pacifique un quelque chose de nerveux et de troublé, des élans subits avec de profondes désespérances. Phénomène physiologique dont la science seule nous donne le mot et qui est en voie de se manifester chez les jeunes hommes d’aujourd’hui engendrés pendant les affres de l’Année terrible : les impressions ressenties par l’organisme si délicat de la mère et transmises au fœtus influeront singulièrement sur la vie cérébrale des nouveaux venus.

Musset, poète autrement humain que Victor Hugo, fut bien le chantre de cette génération névrosée, à la fois incrédule et mystique, glorifiant Voltaire et s’inclinant devant l’image de Jésus, « premier représentant du peuple » déclaraient avec emphase les démocrates idéalistes.

À côté de Saint-Simon, Fourier fait école. Pauvre