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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/19

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rubiconde du banquier de Francfort, ou noire et décharnée du traficant portugais, on arrive à reconstituer le type primitif : nez recourbé, crochu, chez les uns comme un bec d’oiseau de proie, finement aquilin chez les autres, yeux pénétrants, front haut, plus ou moins fuyant, menton en saillie, esprit tenace et délié.

Les Juifs furent, sans contredit, un peuple à tendances synthétiques, centralisatrices. Ils centralisèrent d’abord la religion, en réunissant tous les dieux antiques en un seul, puis le pouvoir politique, passant de l’autorité de leurs patriarches à celle d’un chef unique. Leurs descendants devaient les égaler en effectuant la centralisation des capitaux.

Chose étrange, ces hommes qui devaient plus tard personnifier le génie de l’agio, vécurent sous des institutions empreintes de socialisme. Le souvenir d’une origine, et d’adversités communes créait entre les tribus un lien de solidarité. Même après la guerre intestine que causa le viol de la femme d’un lévite par des Benjamites[1] et qui eut pour résultat la presque extermination de cette tribu, les vainqueurs se préoccupèrent d’empêcher par des mariages l’extinction de leurs frères vaincus. L’usure était sévèrement proscrite. Tous les cinquante ans, les terres aliénées faisaient retour à leurs anciens possesseurs, et les esclaves sémites recouvraient la liberté. La grande fête nationale était la Pâque qui, plus tard, passa dans le judaïsme réformé ou christianisme et qui commémorait l’émancipation du

  1. Bible, livre des Juges, 19, 20, 21.