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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/193

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Ces deux hommes, si différents d’esprit et de tempérament : le Français bouillant champion de la liberté, l’Allemand, méthodique et autoritaire, ont dominé leur époque. Eux disparus, leurs idées sont restées et, infiltrées dans le prolétariat, forment aujourd’hui le corps du socialisme : comme l’affirmait Proudhon, l’humanité travailleuse, de plus en plus consciente, marche à l’élimination du pouvoir : autonomie, fédération sont les deux formules de l’avenir. Comme le démontrait Marx, le capital, par cela même qu’il se centralise, — effet de la concurrence, — devient de plus en plus vulnérable, de plus en plus menacé : le jour n’est pas loin où, mue par l’instinct de conservation, la masse spoliée se lèvera pour exproprier les possédants et, sans s’arrêter à un partage absurde qui, au bout de vingt-quatre heures, ramènerait la plus complète inégalité, fera, de tout ce qui sert à produire, une propriété indivisible, inaliénable, ouverte à tous, assurant le bien-être aux vivants et laissant intacts les droits des générations à venir.

Désormais le socialisme scientifique envahit le monde civilisé. Auguste Comte, penseur de premier ordre, étudie les lois et les relations des phénomènes sociaux et crée la philosophie positive, que ses disciples laisseront dégénérer en religion. En Espagne, dans les provinces du nord, les plus développées industriellement, le collectivisme germe. En Angleterre, les associations travailleuses prennent pied, se multiplient rapidement et commencent contre le capital une lutte par trop légale, à la vérité, comme celle que soutiendront en Belgique les solidaires,