Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/194

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

unis contre le fanatisme religieux et le monopole.

Il est à remarquer que si l’idée socialiste tend partout à l’expropriation de la classe possédante, cette idée revêt diverses formes selon les régions où elle se manifeste. Diversité inévitable quoi que fassent les doctrinaires d’Outre-Rhin qui voudraient diriger avec méthode la révolution sociale. Il faut tenir compte de la race, des mœurs, des institutions séculaires, des préjugés, des habitudes, du développement économique, tous facteurs qui opposent au mouvement des résistances plus ou moins graves. Aussi, l’évolution varie-t-elle selon les races : modérée chez les peuples celtiques, ardemment libertaire chez les Latins, autoritaire chez les Allemands.

Bientôt, un nouvel élément vient apporter au socialisme son contingent de forces et d’idées. La Russie, pays agricole bien plus qu’industriel, se tient encore, en tant que peuple, à l’écart du mouvement social, mais elle enfante des penseurs qui exerceront sur le socialisme international une incontestable influence : après Herzen qui, dans la Cloche, appelle les libéraux à l’assaut de l’autocratie, Bakounine, non moins érudit, non moins profond que Marx, auquel il demeure bien supérieur par le tempérament révolutionnaire, reprend, agrandit l’idée de Proudhon et arrive à formuler l’anarchie collectiviste : suppression de l’autorité, répartition des produits selon l’œuvre de chaque travailleur, théorie qui, sous l’influence d’un autre russe, Kropotkine, se transformera plus tard en celle du communisme-anarchiste, remplaçant la ré-