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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/195

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partition (forcément arbitraire et qui laisse prise à un pouvoir économique) par la prise au tas des objets nécessaires, solution plus simple, plus fraternelle et qui deviendra de plus en plus réalisable à mesure que les produits, déjà supérieurs aux besoins de la consommation, se multiplieront.

Chose étrange, c’est de la race européenne la plus en dehors du progrès moderne que nous vient l’idée la plus avancée. La pensée émise par Diderot serait-elle juste : l’humanité aura beaucoup marché pour se retrouver presque à son point de départ ? N’est-ce pas le cas, parodiant une phrase célèbre, de dire : « Un peu de science éloigne de la nature, beaucoup de science y ramène. »

L’humanité est un être collectif qui se développe de jour en jour : devenue majeure, elle veut penser par elle-même, elle ne s’inféodera plus à la parole sacrée d’un prophète. D’ailleurs, même aux vieux temps où des hommes miraculeux subjuguaient des cerveaux incultes, si des livres comme l’Évangile et le Coran ont pu conquérir le monde, c’est que ces livres traduisaient moins la pensée propre d’un individu que les sentiments couvant dans les foules.

De même, pour le communisme-anarchiste qui, en dépit des incrédules, s’annonce comme une réalité de demain. L’anarchie, prise dans son sens le plus philosophique, négation de l’autorité, n’y va-t-on pas tous les chemins ? par la science qui renverse le dogme, par l’association ouvrière qui, désertant un jour le terrain légal, chassera le patron, par l’évolution politique qui attaque, les uns après les autres, tous les rouages de l’État : souve-