Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/196

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raineté ou présidence, pairie ou Sénat, dictature ou assemblées parlementaires ? Que sont toutes ces attaques encore inconscientes, sinon les préludes de la grande bataille de demain entre le peuple et le pouvoir ? Et quoi d’étrange que la poussée définitive vienne de ces révolutionnaires slaves qui, plus que tous autres, victimes de la tyrannie, en ont la haine implacable ?

Le communisme, barbare aux temps primitifs dans le clan celte et le mark germain, utopique avec les théoriciens religiosâtres, devient de moins en moins un rêve à mesure que les applications de la science font surabonder la richesse. Déjà la production agricole d’Europe et d’Amérique est deux fois et demie supérieure aux besoins, la production industrielle plus grande encore : un jour ne viendra-t-il pas où les déshérités, las de souffrir, se rueront sur ce bien-être accumulé ?

Ce sont les mœurs qui font les institutions : Or, si des siècles d’atavisme ont perpétué dans l’esprit des populations occidentales le respect de la propriété individuelle, il en est autrement en Russie où la masse paysanne a conservé dans le mir la propriété à la fois communale et communiste. De là, chez les plus grossiers des moujicks, un sentiment naturel de solidarité et de bienveillance singulièrement différent de l’esprit rapace et égoïste de nos paysans, toujours en lutte, pour s’attribuer la moindre parcelle de terre au détriment du voisin. La Russie est le seul pays d’Europe où la population, que n’a pas encore étiolée un industrialisme assassin traînant après lui toutes les plaies physiques et