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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/204

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tarienne, étaient, pour la plupart, de jeunes bourgeois dévorés d’ambition, tourmentés de la fièvre de plagier les conventionnels, ignorant tout du peuple et ne voyant dans un soulèvement contre le pouvoir qu’une question de mise en scène ou de places à conquérir. C’étaient : Grousset, élégant écrivain, Rigault, type d’étudiant en goguette, doué de réelles aptitudes pour le rôle de policier ; Eudes, tourmenté, sa vie durant, du désir d’être général comme Marceau ; Félix Pyat, le plus célèbre et le père de tous ces romantiques, admirable ciseleur de phrases, qui aima la révolution en artiste et, lui ayant sacrifié de la fortune, crut bon de ne pas lui sacrifier sa vie. Cette nuance de républicains commençait au Rappel, journal hugolâtre, pour finir aux conspirateurs groupés sous la direction de Blanqui.

Ce dernier, le plus sincère, le plus clairvoyant, le meilleur de tous, qui paya de trente ans de prison son attachement au peuple, à peine rendu à la liberté (1865), avait repris la lutte. « Il faut, disait-il aux disciples qui l’écoutaient avec ferveur, renverser successivement tous les régimes jusqu’à ce que nous soyons les maîtres. » L’isolement du cachot n’avait pas courbé cette organisation puissante ; jusqu’à sa mort, il demeura le vieux babouviste, cherchant à organiser une force révolutionnaire pour s’emparer dictatorialement de l’État.

Lorsque l’Internationale parut, Blanqui eut un élan d’espoir : il crut son rêve réalisé. Les délégués des sections, plongeant dans la masse profonde du prolétariat mondial, allaient porter à leurs frères,