Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/217

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Mais les prolétaires, affamés par trois mois de misère mis naïvement au service de la république bourgeoise, devenaient sourds à la voix des prêtres en dépit de leurs allures démocratiques. Une balle inconnue tua le prélat et la lutte se poursuivit jusqu’au 26. Dans la matinée, le faubourg Saint-Antoine, dernier asile de l’insurrection, fut emporté. Le chef des insurgés, Cournet, s’échappa et fut, plus tard, à Londres, tué en duel par Barthélemy qui avait commandé la barricade du faubourg du Temple. Cette barricade-là avait aussi opposé une résistance acharnée ; pour la prendre, il fallut percer les murs des maisons. Au reste, les insurgés, fusillés presque partout, vendirent chèrement leur vie ; le nombre d’hommes qui périt de part et d’autre n’a jamais été fixé d’une façon sérieuse, mais on peut juger des pertes de l’armée régulière par ce fait que six de ses généraux furent tués. L’un d’eux, Bréa, s’était avancé en parlementaire devant les insurgés du Panthéon et leur avait promis vie sauve ; ils se rendirent et furent passés par les armes. L’assassin, continuant sa marche victorieuse, se présenta à la barrière d’Italie et tenta de renouveler son stratagème. Reconnu par un fuyard du Panthéon, il fut arrêté et subit la peine du talion. « Je nous ai revengés », déclara plus tard, devant le tribunal, Nourrit, insurgé de dix-sept ans, qui fut condamné comme meurtrier aux travaux forcés à perpétuité et dont on n’eut plus jamais de nouvelles. Deux autres accusés, Daix et Lahr, subirent la peine capitale[1].

  1. Ils furent guillotinés le 17 mars 1849.