Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/247

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Vaincu sous une forme, il tend à reparaître sous une autre : après la religion de l’Église, la religion de l’État, le culte du drapeau, ce symbole, et de la patrie, cette abstraction représentant tout au plus la propriété des classes privilégiées. Le respect du prêtre a engendré le respect du gendarme, l’ignorant croit à la loi, qu’il ne connaît ni ne comprend, comme ses devanciers croyaient au mystère de la Sainte-Trinité.

Esclaves de l’atavisme et des compressions sociales, les foules n’arrivent que lentement à une conception exacte du matérialisme. Le matérialisme, pour beaucoup d’inconscients, c’est l’orgie en permanence ; ils ne comprennent pas que, plus l’homme s’arrache aux illusions sur l’au-delà, plus il est porté à s’attacher au monde réel, à l’embellir, à le rendre confortable, à l’idéaliser même.

Les croyances nouvelles ont triomphé chaque fois par le fanatisme de leurs adeptes, et cela se comprend : pour tenir tête aux préjugés séculaires, à l’esprit de son milieu, il faut une conviction exaltée au suprême degré. Socrate et Platon ont fait école, ils n’ont pu, cependant, renverser le polythéisme, car ils n’invoquaient que la raison. Mais voici que, dans un coin de la bouillonnante Asie, chez un peuple asservi, mécontent, inquiet, des hommes annoncent une religion nouvelle en l’appuyant par des miracles : ils ressuscitent des morts, guérissent des malades et l’enthousiasme est tel que des faits inouïs, que la science commence à peine à expliquer aujourd’hui, se produisent. La foule fermente, des apôtres portent le nouveau verbe