procès dans lequel il se défendit avec plus d’habileté que de courage, affirmant qu’il n’avait jamais fait appel à la révolte, son royaume n’étant pas de ce monde. Cet échappatoire ne lui servit pas : innocenté par le gouverneur romain sur le chef de conspiration, il fut condamné par le Sanhédrin[1] pour crime d’hérésie. Le peuple, auquel il n’avait jamais osé prêcher l’insurrection contre les pouvoirs établis, ne bougea pas pour le délivrer. Jésus fut cloué en croix comme un obscur malfaiteur.
Le supplice de cet homme a rempli l’univers. L’image du jeune et blond ouvrier, à la douce parole, aimé des femmes, suivi des foules, demeura longtemps dans la plèbe et, s’agrandissant avec le temps, finit par atteindre des proportions surhumaines.
Sur le moment, sa mort fut un rude coup pour ses disciples ; ils ne comptaient alors parmi eux aucun homme de grande valeur. Le plus marquant, Pierre, dont Jésus aurait fait son lieutenant, était un assez pauvre esprit, doué, il est vrai, de quelque courage. Ils durent transformer leur action en une propagande sourde ; ils végétèrent ainsi jusqu’au jour où ils eurent la chance de rallier un homme énergique, de grandes capacités.
Paul, dont le christianisme a fait un saint, contribua plus que tout autre à asseoir cette religion. Bien supérieur à Jean le baptiseur, à Jésus et à Pierre, avec lequel il semble avoir été en rivalité, il s’efforça de condenser en un corps de doctrine toutes
- ↑ Grand conseil ou tribunal des Juifs.