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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/283

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nir l’ordre social, c’est-à-dire le statu quo, les monopoles, les privilèges, les abus et les castes.

Qu’ils sont loin ces temps, — cependant, moins de quatre années nous en séparent, — où des bourgeois, révolutionnaires parce qu’ils n’avaient pas eu leur place au banquet, prétendaient soulever le peuple au nom de l’autonomie communale ou des souvenirs de 93 ! C’était Chauvière, l’orateur blanquiste, évoquant devant des illettrés naïfs la mémoire d’Étienne Marcel ou l’ombre de Danton. Et Vaillant, tête du parti, espérait bien qu’une insurrection des Conseils municipaux, se fédérant sous la tutelle d’un Comité de salut public, livrerait le pouvoir à lui et à ses amis.

Aujourd’hui, il a fallu en rabattre de ces visées ambitieuses : les partisans de la révolution jacobine, s’apercevant qu’ils ne pourront plus canaliser le mouvement à leur profit, s’en détachent pour se rallier petit à petit à la république bourgeoise. Ils déploient, à la vérité, une grande rouerie, se servant du mot Commune pour capter les suffrages tantôt des communistes, tantôt des communalistes et l’habitué des réunions publiques peut les entendre déclarer, selon les circonstances, qu’ils veulent la destruction ou la conquête du pouvoir.

Le peuple, qui n’entend rien à ces malices, se révoltera, non plus à la voix des tribuns, mais sous la pression d’un événement capital, comme la guerre, ou d’une situation intenable, comme l’arrêt complet de l’industrie. Et ce sera un débordement que rien ne pourra arrêter ; les plus violents seront eux-mêmes entraînés et roulés par le flot ; bien loin seront les députés ci-devant populaires, et les conseils