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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/284

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municipaux ambitieux ! bien loin les libéraux, les radicaux, les réformistes, les philanthropes ! Les vieux moules sociaux seront brisés et les éléments, disséminés d’abord, s’agrégeront en combinaisons nouvelles.

Quelles seront ces combinaisons ? Est-il téméraire de conjecturer la forme que prendra la société de demain ? Évidemment, la tendance des hommes qui se révoltent contre l’ordre de choses existant n’est pas vers un retour au passé, encore moins à la barbarie préhistorique. Qui voudrait sérieusement s’isoler de l’humanité et renoncer au stock de connaissances et de bien-être accumulé par les générations successives ? C’est pour augmenter ce stock, non pour le diminuer, c’est surtout pour le rendre accessible à tous, que luttent les vrais socialistes d’aujourd’hui. Loin de se confiner dans un individualisme étroit, — individualisme au mauvais sens du mot, — ils seront portés à étendre leurs relations, à ramifier leurs groupements : libre jeu du travailleur dans la corporation, de la corporation dans la commune, rapprochement des agglomérations humaines, effacement des frontières non plus en vertu d’une phraséologie pompeuse mais par suite d’une fusion d’intérêts et de mœurs ; égalité des sexes, — non pas dans les fictions de la politique qui n’existeront plus, mais égalité morale et sociale, — absorption de la famille étroite et autoritaire d’aujourd’hui dans la grande famille humaine ; autonomie absolue de l’individu, libre association des groupements producteurs, tel est leur idéal.

Cet idéal dont la forme concrète peut s’exprimer