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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/285

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en deux mots : Fédération économique, ne sera évidemment pas réalisé en un coup de baguette. En 1830 et 1848, quand le peuple s’était bien battu pendant trois jours, que le gouvernement affolé capitulait, des démocrates en vue couraient s’installer à l’Hôtel de Ville et jetaient par les fenêtres des petits papiers pour signifier au peuple qu’il venait de changer de maîtres. Mais, cette fois, le peuple, affamé et rendu défiant par l’expérience, ne se contentera vraisemblablement plus de petits papiers ; les choses prendront une autre tournure. Guidée par les plus conscients, la foule fera la grosse besogne elle-même : elle ira déposséder les accapareurs, organiser la circulation du bien-être conquis, puis la production, l’échange entre villes et campagnes. Tout cela, sans compter les complications avec les puissances restées en dehors du mouvement, demandera un certain temps.

Une partie des desiderata formulés par les théoriciens modernes aura vraisemblablement sa réalisation immédiate ; l’autre, entrevue trop hâtivement ou contrariée par les événements, sera reprise en sous-œuvre dans la période d’accalmie qui suivra et, plus ou moins modifiée, deviendra le point de mire de la génération suivante.

La forme sociale, pendant et après la tourmente, ne pourra évidemment être la même partout : il faut tenir compte des différences de races, de mœurs, de génie, d’institutions, de développement industriel ou agricole qui, selon les régions, opposeront à la poussée socialiste des résistances plus ou moins considérables. Là où surabondera la pro-