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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/288

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D’immenses chocs ethniques sont à prévoir. L’entrée dans la civilisation des cinq cents millions d’être humains qui peuplent l’Extrême-Orient est grosse de conséquences. Le monde de Boudha et de Confucius va-t-il se précipiter avec ses croyances, ses rites et ses dieux sur le monde de Voltaire et de Darwin ?

« L’opposition de l’Orient et de l’Occident, dit Élisée Reclus (Nouvelle géographie universelle, t. VII, p. 16) n’a pas son unique raison d’être dans l’antagonisme des intérêts immédiats, elle provient aussi du contraste des idées et des mœurs », et plus loin : « Quand deux éléments se rapprochent, l’un et l’autre sont modifiés à la fois. Lorsque deux fleuves unissent leurs courants, celui qui roule de l’eau pure est sali par les boues qu’entraîne l’autre fleuve, et les deux flots mélangés coulent ensemble sans jamais recouvrer leur couleur primitive. »

Les duels de races ont toujours été impitoyables : or, déjà la lutte est nettement engagée sur le terrain économique ; non plus la lutte au canon, bien que parfois le canon gronde, lutte qui tonne et qui grise, laissant encore place aux élans chevaleresques, mais la lutte économique, rapace, sordide, la plus impitoyable de toutes, maniant l’or plus terrible que le fer, écrasant l’ennemi sous une pluie de papier. Tandis que, tout en haut, la finance chrétienne et la finance juive cherchent à s’entre-dévorer, en bas, les salariés blancs et jaunes se font concurrence pour la vie dans les manufactures d’Amérique et d’Australie. Le « Celestial » n’est pas difficile :