Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/289

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un peu de riz pour sa nourriture, un peu de thé pour sa boisson, une pipe d’opium pour vaguer béat, une fois la tâche accomplie, dans les pays du rêve, voilà tout ce qu’il réclame. Pas de compagne à nourrir, d’enfants à redouter, ses mœurs lui permettant, en général, de se passer de femme ; une docilité à toute épreuve, une activité incessante : les capitalistes qui cherchent à produire à bon marché ne peuvent trouver meilleure machine humaine.

« Prenez garde ! disent les patrons français à leurs ouvriers lorsque ceux-ci murmurent, si vous êtes trop exigeants, nous allons appeler des Italiens ou des Allemands. » Et cette concurrence de meurt-de-faim se dénoue souvent d’une façon tragique. Que serait-ce si demain, comme ils en ont déjà fait la menace, les princes de l’industrie, maîtres absolus dans l’État, ouvraient tout large le passage au flot jaune ! Mais pour dompter les sujets rebelles, pas même besoin ne serait de recourir aux immigrants : il suffirait, et c’est ce qui se prépare, de multiplier dans l’Extrême-Orient, des fabriques inondant le monde de leurs produits vendus à bas prix. Ce qui réduirait à mortelle misère les travailleurs d’Europe et d’Amérique si ceux-ci, changeant à bref délai toutes les conditions de leur vie économique, ne mettaient la main sur les sources de richesses pour devenir leurs propres patrons et produire pour leur compte.

À ce point de vue encore, comme à tant d’autres, la révolution sociale s’impose.

Angoissés, parce qu’il nous semble que la nature, dont nous sommes partie intégrante, va s’abîmer