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voyages de propagande dans l’Asie Mineure, la Grèce et l’Italie. Comme partout existaient les mêmes germes de mécontentement et de dissolution sociale, partout il recruta des adhérents.

Les chrétiens eurent cette supériorité sur les Juifs dont ils descendaient, qu’ayant entrevu une refonte sociale, ils voulurent, non pas la restreindre à un seul peuple, mais en faire bénéficier l’humanité. Ils furent cosmopolites au plus haut degré. Les Juifs, chauvins étroits, s’étaient créé un dieu national, terrible aux infidèles ; les Grecs, malgré leurs tendances démocratiques, avaient érigé en principe le mépris de celui qui ne s’exprimait pas dans leur langue, du Barbare. Les Romains, tyrans avides, avaient asservi l’univers, et n’avaient excepté de la sujétion générale qu’un petit nombre d’élus auxquels ils avaient accordé comme suprême faveur le titre de citoyens. Les chrétiens entrevirent une rédemption universelle et même lorsque, plus tard, sous diverses influences, leurs idées primitives se furent altérées, lorsque leur idéal d’émancipation terrestre se fut transmuté en religion, leur dieu resta le dieu d’amour, père de tous les êtres, préparant le salut de tous, même des Gentils, c’est-à-dire des peuples étrangers. Toutefois, en vertu de cette loi des affinités qui régit les corps humains tout comme les atomes chimiques, les Grecs furent les premiers qui se mêlèrent au grand mouvement réformiste. Ainsi, la Judée rendit, toutes florissantes, à la terre des philosophes, les idées dont celle-ci lui avait infusé le germe. « Il n’y a point de distinction entre le Juif et le Grec », déclara Paul, (épître aux