Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/32

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Romains, chap. X), affirmation qui atteste bien l’internationalisme de la nouvelle doctrine et sa parenté avec le platonicisme.

Avec toute son énergie, Paul était un opportuniste. Pour attirer à lui la masse des propriétaires, éternels amis de l’ordre et du gouvernement, il châtra le christianisme de ses côtés anarchistes ; au communisme il substitua la charité, la dégradante aumône. Craignant sans doute, comme Jésus, que des révoltes noyées dans le sang n’entraînassent la ruine de l’idée nouvelle, il mit la prudence à l’ordre du jour. Cette prudence, de plus en plus outrée, devint l’exécrable résignation qui fit supporter le joug aux peuples opprimés pendant dix-huit siècles[1].

Déjà, le christianisme, accaparé, classifié par des docteurs, commençait à se subdiviser en sectes rivales. C’était l’éparpillement d’un grand courant en une foule de courants secondaires : loi fatale qui régit les mouvements sociaux. Ces sectes qui s’entre-déchirent, tout en combattant l’ennemi commun, nous les retrouverons, sous différents noms, à chaque période de fermentation populaire. Au seizième siècle, ce sont les Luthériens, les Zwingliens, les Anabaptistes. La Révolution française a ses Girondins, ses Montagnards, ses Hébertistes et, actuellement, nous marchons à la révolution sociale à travers les disputes des possibilistes, blanquistes

  1. « Que toute personne soit soumise aux puissances supérieures ; il n’y a point de puissance qui ne vienne de Dieu et celles qui subsistent ont été établies de Dieu ». (Saint Paul, épître aux Romains, chap. XIII). Et, dans l’épître aux Éphésiens (chap. VI), l’apôtre recommande aux esclaves d’obéir avec crainte et tremblement à leurs maîtres selon la chair.