Aller au contenu

Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/33

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et anarchistes. Pendant que la masse juive, hostile à la théologie naissante, mais travaillée par les idées dont Juda le Gaulonite, Jean le Baptiseur et le pacifique Jésus lui-même ont été les martyrs, poursuit par de fréquentes révoltes, la réalisation de son indépendance nationale, l’église de Rome, plus réfléchie, chemine dans l’ombre et, recrutant des fidèles parmi les fonctionnaires de César, se prépare patiemment au triomphe par la conquête du pouvoir.

En somme, les chefs du christianisme marchaient insensiblement vers un divorce avec la foule. Tandis que les plus sincères, rejetant tout charlatanisme, considéraient Jésus comme un fervent ami du peuple, martyr de l’égalité et de la justice, les autres, pour en imposer au vulgaire disposé à tout croire, avaient commencé à élaborer une légende à laquelle venaient s’adapter les vieux mythes de la Perse, les histoires merveilleuses du bouddhisme, colportés d’un bout à l’autre de l’Asie : le fils du charpentier de Nazareth devient le fils du Dieu suprême et d’une vierge ; il opère des miracles, communique avec le créateur et, finalement ressuscite. La révolte se transforme ainsi en religion et le paradis, que l’homme eût pu réaliser sur cette terre devenue libre, est relégué au bout de cette vie, dans un ciel où l’esclave deviendra l’égal du César. Encouragement à la vertu, pensaient d’aucuns ; oui, mais surtout, belle prime donnée à la soumission ! À ce compte, Spartacus lui-même eût été émasculé ; aussi, les empereurs, après avoir chassé de Rome les chrétiens encore révolutionnaires (49 et 64 apr.