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J.-C.), les laissèrent-ils à peu près en paix jusque sous Dèce (249 apr. J.-C). Ces hommes qui arrivaient à énoncer pour maxime : « Quand on vous frappe sur la joue droite, tendez la joue gauche » et « rendez à César ce qui est à César » leur semblaient avec raison peu redoutables.

Il n’en était pas de même de ceux d’Orient qui, espérant toujours qu’un libérateur surgirait parmi eux, se pliaient difficilement au joug romain. Ces chrétiens dits judaïsants, ne différaient guère des sectateurs du mosaïsme que par une morale plus humaine. N’étant pas adonnés, comme ceux de Rome, à la conquête du pouvoir, ils se tenaient à l’abri des compromissions et montraient une grande dignité de caractère. Quand les membres de l’église romaine et ceux de l’église de Jérusalem se trouvaient en présence, les dissensions n’étaient pas rares et des conflits naissaient, au cours desquels l’opportunisme des uns et l’intransigeance des autres étaient durement qualifiés.

Ce phénomène se produisit, que les idées nouvelles, à mesure qu’elles se propagèrent, perdirent de plus en plus de leur signification primitive. Elles se modifiaient, d’ailleurs, selon les mœurs et l’esprit des peuples qui les recevaient. Violemment austères en Judée, subtilement philosophiques en Grèce, politiques en Italie, démocratiques en Gaule où elles pénétrèrent vers la fin du deuxième siècle, elles recevaient partout une empreinte différente. Tandis que les docteurs d’Athènes et d’Alexandrie, dignes petits-fils de Platon, ergotent sur la nature du verbe, sur la monade et la triade, tandis qu’une organisa-