Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/51

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raissent des corps d’hommes et de fauves mêlés dans un épouvantable embrassement. Cris d’agonie, imprécations, rugissements sonores, auxquels répondent, comme un tonnerre, les applaudissements de cent mille spectateurs. Puis, le nuage poudreux se déchire et laisse voir les lions tranquilles, accroupis sur l’arène, broyant lentement sous leurs puissantes mâchoires des cadavres informes.

Mais le belluaire paraît : de la pique et du fouet, il chasse dans leur souterrain les fauves grondant d’abandonner le repas commencé. Des valets tirent avec des crocs les débris humains et parsèment d’un sable frais l’arène embourbée de sang. Un nouveau spectacle s’apprête.

Des couples de gladiateurs font leur entrée par deux portes opposées, les uns coiffés d’un casque à visière demi-rabattue, armés d’une lourde épée à deux tranchants ; les autres nus jusqu’aux hanches, brandissant un trident de sept pieds et portant sur l’épaule un long filet garni, à son extrémité, de balles de plomb.

Les adversaires s’observent et s’élancent. Du premier coup, l’un d’eux, faisant tournoyer son filet, en enveloppe son ennemi et, prenant son élan, le traîne à toute vitesse sur l’arène. Des acclamations répétées saluent un coup si heureux ; César lui-même daigne sourire à l’habile combattant. En vain, le gladiateur prisonnier s’agite et s’efforce de couper, avec son épée, le réseau qui le détient. Par de brusques secousses, son adversaire l’étourdit, le lasse, lui fait perdre ses sens, puis, d’un bond, saute sur lui. Le vainqueur brandit son trident et, d’un