Aller au contenu

Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/64

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

misérable des misérables, attaché à la glèbe, soumis, presque toujours, non à un homme accessible à la pitié, mais à ce maître impersonnel, l’État, aveugle et féroce, car il a sa mission fatale à accomplir. Plus rien qu’une poignée d’opulents patriciens et des populations d’esclaves travaillant et mourant sur les latifundia. De même, nous voyons aujourd’hui tous les demi-bourgeois, petits industriels ou commerçants, boutiquiers, agriculteurs, se débattre dans une formidable agonie, sous l’étreinte de leurs riches concurrents et, ruinés par le drainage des capitaux, tomber peu à peu dans le servage prolétarien.

L’analogie se poursuit : l’écrasement de la petite industrie par la grande a produit, de nos jours, la dépréciation de la main-d’œuvre et la mise en circulation d’objets médiocres. Dans la société romaine, la nécessité de fournir des bras à l’agriculture fit, plus que jamais, ériger en système la guerre qui, seule, pouvait procurer des esclaves. Ceux appartenant aux nations délicates, civilisées : Grecs, Syriens, Carthaginois, employés aux rudes travaux des champs, surmenés, accablés de mauvais traitements, fondirent. On les remplaça par d’autres esclaves, barbares arrachés à leurs forêts, qui ne surent qu’imiter lourdement les modèles laissés par leurs prédécesseurs. D’imitation en imitation, tous les objets qui demandaient quelque art et quelque goût devinrent de plus en plus grossiers.

Tout enchérit. Les soldats, obligés de payer leur nourriture et leur équipement sur une solde modique, pillèrent les provinces, firent et défirent les