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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/65

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empereurs. Ceux-ci, à la fin, durent se charger de pourvoir à l’entretien de l’armée.

En Espagne, en Gaule, comme en Italie, la terre se tarit ; les cultures, abandonnées, devinrent des forêts. Par les travaux excessifs infligés aux esclaves, la fuite de ceux qui voulaient soustraire un lambeau de fortune à la rapacité de l’État, le refus des malheureux de procréer des êtres voués à la misère, la dépopulation fut effrayante. Des pénalités furent édictées contre les célibataires : rien n’y fit.

Les historiens ont chanté les bienfaits de la conquête romaine en Gaule. Grâce à elle, le sol fut défriché, des voies relièrent des provinces, des écoles s’ouvrirent : oui, mais la condition du peuple devint épouvantable. L’ancienne société celtique, où un lien de solidarité unissait tous les membres du même clan, dut disparaître. Sous la tutelle sévère de l’administration romaine, un immense réseau enveloppa la Gaule, emprisonnant dans ses mailles d’acier, chasseurs, pâtres, laboureurs, artisans, riverains, fixant à la terre ces nomades indépendants : commencement du servage de la glèbe. Le vaincu fut, non pas accablé, mais dévoré vivant par les impôts : capitation terrienne, capitation humaine, droit sur les successions, taxe commerciale, taxe sur les marchés, taxe sur le sel, tribut militaire, prestations en nature, corvée. Les municipalités, chargées à leurs frais et sous leur responsabilité du recouvrement des impôts, devinrent des rouages du gouvernement impérial, destinés à broyer les populations pour en extraire jusqu’à la dernière goutte de sang. Les curiales, magistrats de la cité, les seuls qui, au milieu