Aller au contenu

Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/66

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de l’appauvrissement général, eussent conservé un patrimoine, furent déclarés les esclaves de l’État, répondant personnellement du déficit ; la loi, devant leur résistance, dut les attacher de force à leur chaise curiale. Tel fut ce régime municipal si admiré par nos modernes communalistes. Combien ne voyons-nous pas aujourd’hui de républicains et même de socialistes sacrifier sans hésitation l’individu, cet être réel vivant, pensant, souffrant, à cet être fictif : la Commune ou l’État.

Aucune institution locale ne fut laissée debout par les vainqueurs. Partout, Rome apparut avec ses dieux, ses lois et ses fonctionnaires. Le grammairien remplaça le druide, le rhéteur vint chasser le barde.

Même oppression pesa sur l’Espagne et les Îles-Britanniques, réunies administrativement à la Gaule sous l’autorité du préfet du prétoire, siégeant à Trêves. Et, derrière les préfets, vicaires[1] et gouverneurs, pullulait un monde chamarré de scribes, comptables, employés, grassement entretenus par les provinces.

Rome avait porté à un degré inouï l’omnipotence de l’État. Les républicains de la veille, par une trahison habituelle aux partis d’opposition, contribuèrent plus que tous autres à accroître cette tyrannie. Les philosophes et surtout les stoïciens, ancêtres de nos modernes jacobins, avaient constamment, sous les Césars, formé une secte parallèle au christianisme, battant en brèche le pouvoir. Esprits froids et méthodiques, sectaires sans enthousiasme, ils

  1. Les vicaires ou vice-préfets furent créés au iiie siècle par Dioclétien.