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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/67

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affichaient le culte de la république ; beaucoup célébraient le jour de la naissance de Brutus et de Cassius. Cette attitude dura jusque sous Nerva et Adrien. Ces empereurs les ayant appelés auprès d’eux, toute leur hostilité fondit. Très versés dans cette pédantesque science du droit, faite de formules et d’axiomes, ils s’emparèrent de la direction civile et administrative ; leur rigorisme se retourna contre la masse, plus misérable sous ce despotisme réglementé que lorsqu’elle était livrée à l’arbitraire d’un Néron.

Ces irréconciliables de la veille posèrent en principe que le peuple avait concédé par une loi tous ses droits, tous ses pouvoirs à l’empereur. En vertu de cette fiction, tout ce qui plut à César eut force de loi. C’est ainsi que l’on enchaîne les hommes au nom d’un contrat social qu’ils n’ont ni consenti ni même connu.

Sous Claude, le titre de citoyens romains avait été donné aux Gaulois ; sous Caracalla (211), il fut étendu à tous les habitants de l’empire, mais cette faveur, jadis si enviée, était devenue dérisoire depuis que le citoyen romain se trouvait, corps et biens, la propriété de l’empereur : ce n’était que la régularisation officielle de la servitude.

Ainsi grandissaient en même temps la misère, la dépopulation et la tyrannie centralisatrice. Épouvanté de la décadence de l’industrie, Adrien avait rétabli les hétairies, corporations d’arts et de métiers, supprimées par son prédécesseur, comme suspectes d’opposition au pouvoir. Mais là, comme partout, la lourde tutelle de l’État étouffait toute initiative, toute vie. Le même empereur avait fait brûler à