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Rome les registres de ce qui était dû au fisc depuis seize années. Belle largesse ! le peuple était hors d’état de payer et les rapines enlevées à l’extérieur servaient à combler le déficit.

Vers la fin du deuxième siècle[1], le christianisme, franchissant les Alpes, apparut en Gaule. Il se propagea assez rapidement dans la plèbe : les artisans, les cultivateurs ruinés, les esclaves l’embrassèrent y voyant, les uns une consolation à leurs maux dans un monde meilleur, les autres une rédemption dans cette vie même : ces derniers étaient de beaucoup les plus nombreux. Plus tard, le christianisme fut adopté par les philosophes, plus tard encore par des politiciens ambitieux, mais son début dans la Gaule fut purement démocratique et révolutionnaire.

La meilleure preuve, c’est que l’éclectique Marc-Aurèle, qui avait assis avec lui la philosophie sur le trône, qui protégeait indifféremment disciples de Platon, d’Épicure ou d’Épictète, qui eut pour toutes les religions une déférence sans bornes, persécuta violemment le christianisme. Dans la région du sud qui, étant une des plus malheureuses, avait accueilli favorablement une doctrine évoquant les idées d’égalité naturelle entre les hommes, le sang ruissela. À Lyon, Vienne, Autun, des atrocités furent commises au nom de l’ordre, du gouvernement et de la religion officielle. Tandis que la terreur multipliait les délations, le courage des martyrs fut presque partout admirable.

  1. Au premier, selon l’Église ; au troisième, selon Grégoire de Tours qui paraît se rapprocher davantage de la vérité.