Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/70

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évêques apeurés s’efforçaient de désarmer les persécuteurs en prêchant soumission et humilité, le côté révolutionnaire de la nouvelle doctrine n’avait échappé ni au gouvernement ni aux masses. Sous les perfides insinuations des conservateurs, qui se plurent à attribuer aux chrétiens chaque crime commis, — n’est-ce pas la tactique habituelle des classes privilégiées ? — on se représenta ces hommes comme des êtres monstrueux, doués d’une puissance surnaturelle, sans cesse altérés de meurtres, ravissant de jeunes enfants pour les sacrifier à leur dieu et les dévorer eux-mêmes au milieu d’orgies farouches.

Un renégat de la Libre-Pensée, le sieur Gabriel Jogand-Pagès (dit Léo Taxil), avant son incarnation en défenseur du trône et de l’autel, a résumé ainsi, en bourgeois satisfait, l’histoire du christianisme :

« On ignore absolument le nom des premiers pasteurs qui gouvernèrent dans l’obscurité, à Rome, l’infime troupeau des chrétiens. Ceux qui soutiennent que saint Pierre fut le premier évêque de Rome n’ont lu que les œuvres de sainte Thérèse et de la bienheureuse Marie Alacoque. Qu’ils lisent la première épître de saint Paul aux Corinthiens ; ils verront que, dans la primitive Église, il n’y avait point de dignités ecclésiastiques.

» Cette secte inconnue ou méprisée s’étendait insensiblement. En prêchant le partage des biens, les apôtres et leurs successeurs s’adressaient à tous les instincts de fainéantise et d’avidité. À cette époque, le peuple croupissait dans l’ignorance ; il ne savait pas que la raison, le temps, la bonne politique et surtout la science peuvent seuls